Premier cri : le discours du Président de la République française (13 avril 2020)
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Photo : Gonzalo Fuentes / AFP |
Que reste-t-il du discours du Président de la République française
une semaine après ? La date du 11 mai. La fin du
confinement.
Et
moi qui espérais une allocution historique, du genre gaullien, à la
hauteur de la situation exceptionnelle que traversent la France et le
monde : « Je vous ai compris ! ». Mais
l’histoire ne se répète pas, elle bégaie, dit Hegel.
Emmanuel
Macron avait le choix entre deux styles rhétoriques : celui de
Churchill ou celui de Martin Luther King. Entre l’annonce de
l’apocalypse avec, au bout, une lueur d’espoir, et le partage
d’une vision collective. Le rêve d’une société plus juste,
plus fraternelle, différente de celle qui a précédé l’actuelle
pandémie. Une société où l’économie serait au service de
l’homme – et non l’inverse – et dont il serait le garant,
lui, le Président démocratiquement élu par ce peuple qui,
autrefois, a vaincu la peste noire et a promulgué les droits de
l’homme et du citoyen.
Raté !
Emmanuel
Macron a choisi de prononcer un discours plus classique, celui d’un
président gestionnaire à l’intention de ces administrés. Une
énonciation adroite et intelligente, certes, mais dont la seule
promesse précise se bornait à la fin du confinement. Pour la
plupart des Français, c’est sans doute l’essentiel. Enfin le
retour à une vie normale, celle d’avant la crise. Enfin le retour
à l’école, au travail, aux affaires et aux préparatifs des
vacances d’été. Et à la
défense de nos retraites.
Vivons-nous
vraiment dans une société sans prophètes, sans vision d’un monde
différent du nôtre ? N’y a-t-il donc personne pour souffler
au Président cette célèbre et pourtant si simple question :
Quo vadis domine, Où vas-tu, seigneur ?
Sommes-nous
condamnés, lorsque nous sortirons de cette crise sanitaire, à
retrouver un monde dans lequel on a faim, où l’on s’entasse à
dix dans une chambrette, où l’on se bat pour un emploi, où la
violence règne (les événements à Grigny dans le 93 il y a
quelques jours nous rappellent à l’ordre), ainsi que le rejet de
l’autre, juif, noir, Arabe, homosexuel ? Un monde qui laisse
mourir les vieux dans leur solitude. Un monde qui refuse même aux
victimes du Covid19 le droit à un visage, à un nom, à une
sépulture, où nos morts ne sont que des numéros !
Il
semble périlleux d’oser annoncer la date de fin de ce cauchemar.
D’autant si la pénurie de matériel sanitaire (masques, tests, gel
hydroalcoolique avec lesquels on nous recommande pourtant de nous
nettoyer les mains...) ne nous permet pas, de facto, de
l’atteindre.
Alors
que l’on peut toujours partager un désir avec les autres. Martin
Luther King rêvait d’une société sans racisme, plus fraternelle,
plus égalitaire. Nous aurions pu y adhérer. Les deux minutes
d’applaudissements quotidiens en soutien au corps hospitalier le
prouvent.
En
attendant, on nous demande d’éviter de tomber malade. Non parce
qu’on ne se préoccupe de notre santé mais parce qu’il n’y a
pas assez de lits dans nos hôpitaux ! La rumeur dit même, et
cela malgré la promesse présidentielle, qu’il n’est pas
possible de garantir la sortie du confinement à une date précise.
Non pas parce qu’elle est impossible à tenir mais parce que nous
n’avons pas de masques pour permettre à soixante-huit millions
d’individus de quitter leur domicile le même jour sans que l’on
sache si l’un d’eux est porteur du virus.
Oui,
la seule chose que notre Président aurait pu partager avec nous, ce
lundi 13 avril, était justement un rêve et la promesse d’user
de son pouvoir pour arriver à le réaliser. Il ne l’a pas fait,
même s’il a essayé de se rattraper, quelques jours plus tard,
dans un entretien au Financial Times.
Comme le disait le père de Don Quichotte : « Qui trébuche
et ne tombe pas ajoute à son pas ».
Si bien dit. En attendant les vrais discours, merci Marek
RépondreSupprimerMais Mr Halter vous croyez apres tout ce que vous avez vecu que le President aux bottes du Capitalisme financier et sauvage va changer de voie???
RépondreSupprimernous devions changer de direction et ceux dans tous les domaines " économique politique et sociale .. je regrette que celle-ci ne soit pas arrivé plutôt. j'espère vraiement échanger avec toi marek.
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